samedi 22 juin 2019

COLLECTION IMPROBABLES CROSSOVERS 2













Les petits secrets du Capitaine Dobey
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Comme à son habitude , David Stasky sortit de sa Ford Gran Torino rouge aux bandes blanches par la fenêtre de sa portière , lustra d'un revers de la manche le capot puis lui jeta un regard amoureux pendant que son coéquipier Ken Hutchinson s'amusait de ce cérémonial :
-Je suis sûr que tu n'as jamais lançé une oeillade aussi enflammée à une femme comme tu le fais à ce tas de ferraille , dit -il en riant.
- Je t'interdis de l'appeler tas de ferraille ! Elle vaut toutes les maitresses du monde ...Elle,,,
- Starsky... regarde ! coupa Hutch en désignant du doigt deux gamins afro-américains qui gravissaient les marches du commissariat en se disputant .
- C'est pas une bonne idée, disait le plus grand âgé d'une quinzaine d'années . On va se faire jeter , jamais il ne voudra nous écouter....
- Compte sur moi pour l'attendrir , disait le plus petit une expression butée sur le visage .
- Non, viens Arnold , on repart ! Papa va s'inquiéter et on a pas le droit de lui faire ça .
- Lâche moi Willy ! cria le petit en se dégageant de la main qui se resserrait sur son bras. On a une preuve évidente alors on fait ce qu'on a dit , on y va …..
Les rejoignant rapidement, les deux inspecteurs de police leur firent un grand sourire :
- Hey hey ho. !....Où allez vous d'un pas aussi décidé les enfants ?
Hutch passa une main dans ses cheveux blonds et s'agenouilla pour se mettre à la hauteur de Arnold alors que Starsky , un sourire goguenard aux lèvres ,dévisageait intensément l adolescent qui le défiait du regard.
- On doit voir le Capitaine Dobey !
- Ah ? Et que lui voulez-vous au Capitaine ?
Arnold , le plus petit , croisa les bras sur sa poitrine, fronça les sourcils et d'un air obstiné répondit :
- C'est une affaire de la plus haute importance qui ne concerne que lui et nous.
Devant un tel aplomb les deux policiers ne purent s'empêcher d'éclater de rire .
- Eh bien dans ce cas Majesté , rétorqua Starsky en faisant une révérence comique , si ces messieurs veulent bien nous suivre nous allons vous conduire au bureau de Son Eminence .
Willy fusilla du regard son petit frère , mais emboîta le pas des deux policiers qui ne cessaient de rire en se lançant de mauvais jeux de mots .
Le capitaine Dobey , homme imposant de part sa stature et son air bourru, s'apprêtait à engloutir un énorme donut lorsqu'il vit débarquer dans son bureau l'étrange quator.
- Starsky ? Hutch ? Qu'est ce que vous venez faire? Vous avez déjà réglé le problème sur la 5e Avenue ? Ne me dites pas que ce sont les délinquants qui ont fait le casse à la bijouterie  ou alors ils commencent au berceau maintenant ! bougonna t-il en se bagarrant avec une serviette de papier qui n'arrivait pas à se détacher de son donut.
- Barnes et Collins sont déjà sur le coup de la bijouterie Capitaine, mais nous avons trouvé une mission bien plus urgente ! Escorter ces deux jeunes gens jusqu 'à votre bureau pour une ….quoi déjà ? Starsky se tourna , l'oeil rieur vers Arnold.
- Pour une discussion entre hommes qui ne regarde que le Capitaine et nous ! répondit Arnold toujours avec son petit air buté.


- Qu'est-ce que ...? s'étrangla Dobey devant l'arrogance de l'enfant.
Visiblement gêné par la réaction de son frère, Willy, tenta d'expliquer :
- Voilà , ...en fait mon frère et moi nous avons été adoptés par Mr Drummond à la mort de notre mère qui était gouvernante chez lui. Papa ...c'est comme ça qu'on l'appelle désormais nous offre une super vie mais aujourd'hui....
- Chuut ! coupa son frère en jetant un regard désignant Starsky et Hutch .
L'air bourru de l'enfant et celui du Capitaine n'échappa pas aux inspecteurs qui hochèrent la tête et reculèrent en direction de la sortie :
- Vous nous aviez pas dit que vous aviez un fils caché Capitaine ! La ressemblance est saisissante  tu ne trouves pas Hutch ? lança Starsky en riant.
- Saisissante c'est le mot ! On vous laisse en famille ! renchérit son collègue un grand sourire sur les lèvres.
- DEHORS ! gronda Dobey. Vous n'avez rien à faire ?
Les deux inspecteurs refermèrent promptement la porte du bureau. Lorsque leurs ricanements s'évanouirent dans le couloir le capitaine invita les enfants à s'asseoir face à son bureau. Il se pencha pour baisser le son de la radio d'où s'échappait l'air de « Blame it on the boogie » des Jackson Five lorsqu'Arnold le coupa dans son élan :
-Vous ne les aimez pas ? Pourtant c'est génial !
Il descendit de sa chaise et commença à se dandiner , le visage entièrement illuminé, sous les yeux médusés du Capitaine.
- Dis donc jeune homme c'est pas une discothèque ici ! On dirait que tu aimes la même musique de sauvage que mon fils Cal !
D'autorité il coupa le son .
Arnold se renfrogna :
- C'est pas de la musique de sauvage ….c'est... les Jackson 5 ! Le meilleur groupe de l'univers !
- Et c'est notre nom de famille à nous aussi ! renchérit dans un grand sourire Willy.
- On est là pour parler de ces freluquets  ? J'ai pas de temps à perdre moi ! tonna le Capitaine. Qu'est ce qui vous amène ?
Un silence suivit ses propos. Les deux enfants se regardaient en s'implorant mutuellement de prendre la parole. Jouant son rôle d'aîné , Willy céda et commença :
- Comme je vous disais , on a été adopté par Mr Drummond et c'est un homme génial avec nous...
- Alors c'est quoi le problème ? demanda Dobey le sourcil fronçé .
- Eh bien , d'après des archives de notre mère , on est sûr....enfin on pense que...
- Que ?
Willy se tourna vers son frère le priant de poursuivre :
- Que vous êtes notre oncle ! lâcha Arnold .
Dobey resta abasourdi un instant , ouvrit la bouche à la manière d'un poisson rouge, les balaya du regard à tour de rôle , puis après un instant de silence ,éclata d'un rire tonitruant.
- Et qu'est ce qui vous fait dire ça ? Je connais les membres de ma famille et ceux de ma femme Edith et je vous assure que je ne peux avoir aucun neveu ni d'un côté ni de l'autre.
- Votre prénom c'est bien Harold non ?
- Oui....et ? Le sourire s'effaça du visage du Capitaine pour laisser place à de l'incrédulité.
- Montre lui ! ordonna Arnold au comble de l'impatience.


Willy fourra la main à l'intérieur de la poche intérieure de son blouson et en ressortit une liasse de coupures de journaux ainsi que quelques feuillets manuscrits.Il les déposa doucement sur le bureau :
- Notre mère les avait dans ses affaires. Elle les regardait souvent . Il y avait même une photo de vous plus jeune dans un cadre dans sa chambre....
- Oui vous étiez moins gros ! Mais c'était vous ! affirma Arnold la bouche en cul de poule.
Dobey examina les coupures de presse traitant des différentes étapes de sa carrière, ses promotions, son accès au grade de Capitaine.
- Vraiment , je ne comprends pas....murmura-t-il en secouant la tête. En quoi ces coupures vous font elles croire que je suis votre oncle ?
Willy indiqua de la tête la lettre manuscrite.
Scrupuleusement il la déplia et étouffa un juron. Elle était usée , délavée mais il reconnut une écriture, un peu jaunie par le temps mais qui incontestablement était la sienne . En substance il y racontait sa solitude, la dureté de l'école de police mais combien il était heureux d'avoir quitté Harlem . Cette lettre était bien adressée à leur mère.
- Alors comme ça vous êtes les enfants d'Alisha Fisher ?
- Oui et notre père était Martin Jackson ….votre demi-frère ! Maman nous disait toujours que papa était fier que son demi-frère soit dans la police , que c'était une première qu'un Noir accède au poste de Capitaine.....expliqua en souriant Willy.
Embarrassé , Dobey se gratta la tête , puis regarda tour à tour les deux enfants qui le scrutaient intensément attendant une explication.
- Alors.....tonton ? s'impatienta Arnold  , tu ne pas nier hein ?
- Les enfants , dit il avec une moue , croyez bien que j'adorerais avoir deux neveux comme vous et je suis sincère mais je vais vous décevoir je ne suis pas l'oncle dont vous parlez...Ce n'est pas ce que vous croyez...je ...
.- Tu vois je t'avais dit que c'était pas une bonne idée Arnold ! Il a sa vie ! Pourquoi s'encombrerait il de deux enfants qu'il n'a jamais vu ? Viens on s'en va ! dit le jeune adolescent , dépité , en tendant la main vers son frère.
Arnold bondit de sa chaise et , malgré sa petite taille , toisa le capitaine :
- Et dire que maman nous disait que vous étiez un gars cool ! Elle serait sacrément déçue par votre attitude …
Les deux enfants s'apprétaient à sortir lorsque Dobey les rappela :
- Alors vous partez comme ça ? La vérité ne vous intérresse pas ?
- On la connait la vérité ! Vous voulez pas de nous c'est tout ! grommela Arnold.
- Tu vois cet insigne ? questionna Dobey en désignant sa plaque. Tu crois que je serais devenu Capitaine si je m'amusais à mentir ?
Les deux enfants s'immobilisèrent et se retournèrent lentement alors qu'ils s'apprétaient à sortir.
- Venez vous asseoir , je crois que vous êtes en âge de connaître la vérité . Mais avant ça , expliquez moi pourquoi vous ne vous êtes pas confié à votre père adoptif ! Vous ne lui faites pas confiance ?
- Oh si ! Il est vraiment super et on ne peut rien lui reprocher sauf que …..ben....il est ...blanc , expliqua Willy . Alors si on a vraiment un oncle , peut-être qu'on pourrait vivre avec lui ...Vous comprenez ? Pour retrouver nos racines....
- Je vois...je vois . Comme je vous l'ai dit , je ne suis pas votre oncle et votre mère a un peu détourné la vérité.
- Comment ça ? demanda Arnold l'air méfiant et le sourcil fronçé.
Dobey se racla la gorge et se lança :
- En fait votre mère et moi avons vécu une très belle histoire d'amour. On avait même envisagé de se marier tous les deux.Nous étions jeunes , c'était bien avant qu'elle rencontre votre père.
Voyant que les enfants s'apprêtaient à protester il leva la main pour poursuivre :
«  J'ai du quitter Harlem pour l'armée, puis la police et petit à petit je me suis laissé happer par ma nouvelle vie. La lettre que vous avez là est la dernière que j'ai écrite à votre mère. J'ai été lâche, je ne lui ai pas dit que je ne comptais pas poursuivre notre relation . Mais elle avait compris. C'était une femme brillante, exceptionnelle ! J'avais rencontré Edith, qui depuis est devenue ma femme avec qui j'ai deux enfants. Vous êtes sûrement trop jeunes pour comprendre notre fonctionnement à nous , les adultes...
Abasourdi devant ces révélations , Arnold resta prostré pendant que Willy essayait de comprendre :
- Mais ? Mais ….C'est dégeulasse d'avoir laissé notre mère ! Et si vous ne nous mentez pas , pourquoi elle a dit que vous étiez notre oncle ?
Dobey eût un pâle sourire :
- Parfois les adultes doivent trouver des parades pour ne pas blesser les enfants. D'après ce que vous m'avez rapporté sur elle , ces coupures de journaux qu'elle a gardé ,cette lettre , cela prouve que votre mère s'est réfugié dans le souvenir de notre amour perdu après le décès de votre père....sûrement pour surmonter sa douleur . Parfois quand on souffre trop on a besoin de se réfugier dans un souvenir rassurant . En créant cet image d'oncle elle a permis que vous gardiez une belle image du couple qu'elle formait avec votre père .
- Alors , elle....Elle nous a menti ? balbutia Arnold les yeux embués de larmes.
Le Capitaine s'approcha de lui et tenta de le réconforter en le prenant dans ses bras :
- C'était un mensonge par amour ….Tu ne dois pas lui en vouloir ! Au contraire elle vous a protégé et s'est protégée elle même …..Mais tu sais il y a un proverbe qui dit : »A toute chose malheur est bon « 
- Ah ouais ? répartit Willy visiblement dégoûté. On vient d'apprendre que notre mère nous a menti, que vous n'êtes pas notre oncle ? Y'a quoi de positif hein ?
- Que je vous trouve les gamins les plus cools de la planète et que j'adorerai devenir votre oncle par procuration !
- Par quoi ? demanda Arnold en roulant les yeux .
- Laisse tomber , c'est une expression ! Et je crois avoir la solution idéale pour vous redonner le sourire et vous faire oublier ces histoires d'adultes....
- Ah oui et quoi ?
- Attendez moi ici , j'en ai pour quelques minutes !
Le Capitaine ouvrit la porte et cria : «  Starsky ! Hutch ! Venez immédiatement ! »
Les deux inspecteurs arrivèrent de façon décontractée un sandwich à la main.
Dobey leur intima un ordre en s'assurant que les enfants n'écoutaient pas .
Quelques minutes plus tard ils réaparrurent visiblement agaçés :
-C'est de l'abus de pouvoir ! marmona Starsky en lui tendant deux bristols.
- Vous outrepassez vos droits Capitaine ! Ca s'appelle de la corruption de fonctionnaire ça  ! renchérit Hutch .
- Allez vous plaindre à votre Supérieur ! répondit Dobey en explosant de rire .
Il retourna à l'intérieur de son bureau exhibant de façon triomphale deux billets dans ses mains :


- Et voilà , ça c'est pour vous !
- C'est quoi ?
- Deux de mes inspecteurs ne peuvent plus aller à un concert et ils sont ravis que ce soit vous qui en profitiez....Concert et Backstage cela va sans dire …..
Face à leurs regards semblables à ceux d'un enfant devant à une vitrine de Noël remplie de jouets, le Capitaine s'amusa à éloigner, puis rapprocher , puis éloigner à nouveau une place comme si il n'arrivait pas bien à lire :
- Alors ? s'écrièrent en choeur Arnold et Willy.
- Tiens...Tiens …..un nom qui devrait vous parler ..Ja ..Jack.....
- Jackson 5 ! s'exclama Arnold en battant des mains , les yeux brillants d'excitation.
- Exactement ! répondit Dobey en distribuant les places.
Willy observa le billet puis dit en haussant les épaules :
- Maman nous a peut-être menti , mais je comprends qu'elle vous ai aimé . Vous êtes vraiment un homme génial....
- Merci Oncle Harold ! T'es vraiment super ! Au fait c'est vrai qu'on a un peu la même bouille si on regarde bien ! renchérit Arnold  se rappelant une réflexion faite par Starsky et Hutch .
Le Capitaine sourit à cette remarque , puis arbora une mine sévère :
- Allez filez tous les deux ! J'ai du travail ! J'ai pas toute la journée devant moi …...Et revenez me voir de temps en temps !
- On te lâchera pas Oncle Harold ! cria Arnold.
Et voyant les deux silhouettes s'éloigner de façon turbulente dans le couloir il conclut à voix basse :
- Merci Alisha d'avoir mis tes deux petites bonhommes sur mon chemin...... »
Il poussa un léger soupir de contentement et referma doucement la porte de son bureau .

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EP 1 MENACES